Le
Terre Sauvage Festival 2023 s’est déroulé comme prévu à Névache
du 7 au 9 juillet, organisé et piloté avec soin par Jérémy
Béclair, avec le soutien de la Mairie, de Natura 2000 et
l’implication de nombreux partenaires et bénévoles.
Le
programme était riche, voire trop chargé pour permettre un choix
facile, mais il répondait aux besoins de ses divers publics (sorties
découverte avec des accompagnateurs nature, contacts avec des
artistes, journalistes, écrivains et réalisateurs, ateliers, films,
rencontres et conférences débats, agence de presse, poésie d'un
spectacle théâtral, musique et sons de la nature, concerts
photographie, librairie et dédicaces...
Pour
diverses raisons, nous n'avons pu nous inscrire – comme en 2021 -
qu'à une seule journée, déjà très riche en sensibilisation,
rencontres, émotions.
Après
avoir profité en « avant première » de l'exposition
photos des jeunes lauréats de la Bourse Iris le long du
sentier-caillebotis du marais de Névache, puis de celle (Bestiaire)
du jardin du Gîte la Découverte, nous nous sommes rendus dans la
Chapelle Saint-Hippolyte, devenue pour quelques jours un centre d'art
et nature autour d'une création « zen » très dépouillée
créée par Katarzyna Kot et Stéphane Guiran. Le silence du minéral,
le ruissellement discret de l'eau, le noir et blanc, quelques notes
de musique et des perles de chant... Les deux artistes, très
discrets et sympathiques, étaient ravis d'installer leur création
dans cette belle chapelle dans un décor sauvage et harmonieux (vesce
cracca, mélampyres et grandes molènes à l'assaut des talus...)
Le
samedi, nous avons été littéralement « scotchés » par
la projection du film "Bigger than us," à la fois
effrayant et plein d'espoir, à l'image de ces sept jeunes
de divers continents qui
se démènent positivement, dans des actions très concrètes, se
refusant à baisser les bras face à des luttes qui nous semblent
souvent perdues d'avance. La réalisatrice, Flore Vasseur (qui ne
figurait pas encore dans le programme initial) nous a enthousiasmés.
Formée aux écoles de commerce, elle a – suite à une question
posée par son fils âgé de 7 ans à l'époque face au dérèglement
climatique (« mais alors, on fait quoi ? ») -
réalisé combien le modèle que l'on voulait lui inculquer (esprit
d'entreprise, enrichissement, soigner son image...) était dépassé,
voire néfaste, donc à l'opposé de ce qu'il fallait faire.. Elle a
lancé une recherche sur des jeunes qui s'impliquaient sans compter à
travers les divers continents. La sélection était d'autant plus
délicate qu'elle ne voulait pas se laisser influencer par des
réseaux sociaux et la médiatisation à outrance devenus si
déterminants à notre époque. Le résultat de quatre ans de
tournage est un film particulièrement dur et émouvant jusqu'aux
larmes, qui - devant des images parfois insupportables – parvient à
soulever des vocations chez un public de jeunes. La passion et la
volonté doivent vaincre une tendance qui pourrait être l'engagement
par culpabilisation ou pour mise en valeur personnelle sur les
réseaux sociaux, inévitablement voué à l'échec selon Flore
Vasseur. Pour convaincre, la projection du film est proposée à tous
les organismes et associations qui en font la demande. C'est un
travail de terrain qui exige volonté et investissement. Ce n'est pas
un film pour faire peur - malgré certaines images insoutenables –
mais qui doit susciter (et suscite déjà) l'envie, la volonté et la
passion d'un engagement désintéressé.
Nous
avons ensuite regardé trois des documentaires de Jérémy Villette,
(sur les quatre de " Paradis Blanc ") dont une rencontre
avec le loup, en compagnie de Jean Marc Rochette qui « croquait »
les ambiances et les regards de la bête.
Jérémy
Villette a été élevé à la ferme en Île de France et s'est
émerveillé très jeune devant les spectacles de la nature, comme le
passage de cerfs dans le jardin de ses parents... Passionné de
photographie dès son plus jeune âge, il ne retouche pas ses photos
et maîtrise l'art du cadrage et de la lumière, armé d'une patience
infinie. Vincent Munier (réalisateur de « Lynx » ) a
déclenché en lui cette passion du photoreportage animalier. Les
deux sont intervenus après les films pour répondre aux questions.
Les estivants à Névache pourront admirer quelques-unes de leurs
œuvres réunies et mises en valeur (« Bestiaire ») dans
le jardin de La Découverte.
Sous
le tipi de l'agence de Presse Zeppelin, nous avons regardé / écouté
deux courts reportages de reporters de presse. L'un sur les Sami de
la péninsule de Kola (essentiellement en Russie) en quête de leurs
racines, puis un autre sur l"Or des égouts" ( Au
Bangladesh, d'infimes quantité d'or (véritable !) sont extraites de
la boue d'excréments dans laquelle s'enfoncent depuis des années
des « prospecteurs » n'ayant plus rien à perdre, en
dehors d'une vie dont les jours sont comptés, et suivent la
technique de l'orpaillage dans des conditions épouvantables.
Sidérant !
Nous
avons continué plus poétiquement avec le Petit théâtre de la
Forêt (Théâtre Burle) que nous connaissions déjà. Nous
souhaitions aussi écouter le débat de la tente à palabres "Écrire
dans la nature" avec Pete Fromm et Colin Niel, mais la
traduction rendait leur intervention un peu soporifique après une
journée d'attention déjà très soutenue.
Le
lendemain nous avons pu tout de même écouter les sons de la nature
à travers les enregistrements de Fernand Deroussen, mis en valeur
dans le silence de la Chapelle Saint-Antoine. Un moment de communion
auditive pleine de surprises avec la faune dans ses éléments
naturels.
Dans
notre entourage nous avons eu des échos très positifs sur diverses
rencontres ou ateliers auxquels nous n'avons pas pu participer. Entre
autres la rencontre-débat avec François Sarano, très pessimiste
quant à l'avenir de nos océans et à la sur-pêche, une sortie
« Natura 2000 » en compagnie de Philippe Poiré, une
montée au Creux des Souches avec Flore Vasseur, et le concert très
apprécié de Piers Faccini dans l'église Saint-Marcellin.
D'autres
découvertes en plein air nous attendent pendant tout l'été: les
expositions de Michel d'Oultremont (Québec) dans la montée du
Ricou, de Laurent Baheux (Africa) près du refuge du Chardonnet, et
de Teddy Braccard (Voir l'Ours) au camping Huttopia, aux Alberts.
Pour illustrer partiellement mes propos, voir l'album photos que j'ai consacré à ce Terre Sauvage festival 2023: https://photos.app.goo.gl/X6sgZcMvC66H2nADA
et
rappel de l'album TSF été 2021 - https://photos.app.goo.gl/tSXYYmVQXEGjyJM7A
C.
Rau – juillet 2023