vendredi 28 mars 2025

L'idée, le lien et le sens dans un monde d'aliénés

ou pourquoi, parfois, je deviendrais presque mysanthrope dans une actualité cauchemardesque. Seules issues : le boycott et la résistance !

On entend sans arrêt prononcer ces phrases : 

L’Idée, c’est…

Créer du lien…

Donner du sens…

Parlons-en !

L’idée, c’est…

L’idée semble particulièrement absente chez les utilisateurs obligés de smartphones que nous devenons

tous peu à peu, que nous le voulions ou non ! Les idées nous sont de plus en plus dictées par les maîtres

de l’internet et des réseaux. Se faire une idée, c’est aller glaner des idées toutes faites et des fake news

destinées à nous manipuler pour lisser nos connaissances et nous enlever tout esprit critique.

Nous ne sommes déjà plus très loin des visions cauchemardesques de “Fahrenheit 451”. M. Trump interdit

tout vocable pouvant le déranger dans sa vision expansionniste et financière de la société, qu’il impose

peu à peu en plein jour.  A quand l'interdiction des livres et des bibliothèques après s'en être pris aux chercheurs ?

Le cauchemar est déjà là, nous replongeant dans l’obscurantisme du régime nazi. L’antisémitisme revient au galop et s’offre des vitrines au lieu de se cacher.  Le juif serait à nouveau le méchant profiteur au nez crochu ! Le rejet de l’autre est à la mode. Il faut se protéger des nouveaux arrivants en fermant les frontières derrière soi...  La simplification et la généralisation constituent un langage très facile : “pour obtenir une aide de l’Etat il faut s’appeler Mohamed !” ai-je entendu dire !

Quand j’entends ces affirmations, je pense au texte d’une chanson de Ferrat : 


On m’a dit tes idées ne sont plus à la mode

Quand on veut gouverner ce n’est pas si commode

Il faut évidemment s’adapter au terrain

Mettre jour après jour un peu d’eau dans son vin


On m’a dit dans la jungle il faut qu’on se débrouille

On est bien obligé d’avaler des magouilles

De laisser dans un coin les projets trop coûteux

On va pas tout rater pour des canards boiteux


La porte du bonheur est une porte étroite

On m’affirme aujourd’hui que c’est la porte à droite

Qu’il ne faut plus rêver et qu’il est opportun

D’oublier nos folies d’avant quatre-vingt-un


On m’a dit qu’il fallait prêcher le sacrifice

A ceux qui n’ont pas pu s’ouvrir un compte en Suisse

Qu’il fallait balayer tous nos vieux préjugés

Et que ceux qui travaill’nt étaient privilégiés


On m’a dit tu comprends tes idées archaïques

Ne feront qu’aggraver la crise économique

Ainsi la liberté dans un monde plus juste

Fait partie des slogans qui sont un peu vétustes


La porte du bonheur est une porte étroite

On m’affirme aujourd’hui que c’est la porte à droite

Qu’il ne faut plus rêver et qu’il est opportun

D’oublier nos folies d’avant quatre-vingt-un


Puis d’autres sont venus beaucoup moins présentables

Qui parlaient de la France en tapant sur la table

Qui disaient faut changer c’est la loi du pendule

On va pour commencer supprimer la pilule


Ensuite il faudra bien flytoxer la vermine

Rétablir la morale avec la guillotine

Et pi gn’a qu’à virer les mauvais syndicats

Pour conserver celui qui plaît au patronat


La porte du bonheur est une porte étroite

On m’affirme aujourd’hui que c’est la porte à droite

Qu’il ne faut plus rêver et qu’il est opportun

D’oublier nos folies d’avant quatre-vingt-un


Ils ont dit qu’il fallait se montrer réaliste

Qu’il y avait du bon dans les journaux racistes

Qu’il fallait nettoyer ce cher et vieux pays

Si l’on ne voulait pas qu’il devienne un gourbi


Dois-je vous l’avouer ces propos me renversent

Quand je vais boire un verre au café du commerce

Parfois je crois revoir sur du papier jauni

La photo de Pétain dans mon verr’ de Vichy


La porte du bonheur est une porte étroite

Qu’on ne me dise plus que c’est la porte à droite

Qu’il ne faut plus rêver et qu’il est opportun

D’oublier nos folies d’avant quatre-vingt-un


Moins on a d’idées, ou plus elles sont fausses et dangereuses pour la société, et plus on se voit incités à
les diffuser le plus largement possible. La qualité d’une idée est censée se mesurer au nombre le “like”.
Une idée se voit validée lorsqu’elle connaît une démultiplication “virale” sur les réseaux dits sociaux (ce
terme “viral” est, je trouve, bien adapté, car un virus cherche à nous détruire, et il nous faut donc le
combattre !)

C’est ainsi que l’on voit les “théories terreplatistes” reprendre vigueur, le négationnisme se refaire une

santé, la censure attaquer tout vocabulaire humaniste ou progressiste… M. Trump fait interdire l’emploi

du mot “femme” dans les sciences sociales, et se prend pour le nouveau gourou qui entend régenter notre

planète tout entière, en la partageant - sur le dos de l’esprit des Lumières et des Droits humains - avec les

pires dictateurs corrompus de notre Terre, Poutine et consors… 

L’Idée, c’est donc plutôt de combattre toute idée qui dérange. Pour une idée novatrice, on voit apparaître

trois fois plus d’idées destructrices. Les manuels scolaires seront immanquablement réécrits par les

nouveaux maîtres de l’information, qui mettent la main sur tous les médias relayés par des centaines,

des milliers de satellites qui - au passage - polluent considérablement  le ciel étoilé au détriment du travail

des astronomes, et les orbites terrestres au péril des vaisseaux spatiaux, habités ou non.


Créer du lien ?

A petite échelle, dans le cadre d’un club, d’une communauté de pensée, je veux bien encore y croire.

Cependant, quand je monte dans le tramway et que j’observe ses utilisateurs littéralement scotchés sur

l’écran de leur smartphone, à consommer bêtement des images, des jeux ou des réseaux sociaux qui leur

vident la tête, les rendant complètement indifférents et inattentifs aux autres, permettez-moi d’en douter !

Croyez-vous que j’aie encore envie de créer du lien d’une part avec des négationnistes, des

manipulateurs, des menteurs, des lanceurs de haine, et d’autre part avec des gens qui veulent

absolument “vivre avec leur temps” et préfèrent se mettre des oeillères pour ne pas voir ce qui

fâche et ce qui met la Terre et l’humanité en péril ? 

C’est tellement moins dérangeant de faire la sourde oreille et de consommer, d’avaler parfois tout cru les

nouvelles tendances, aussi toxiques soient-elles ?

Je sais que ma parole ici exprimée aura bien peu de poids, car je ne la lance pas sur les plus grands

réseaux sociaux, mais je tiens cependant à la faire connaître à celles et ceux qui auront la patience ou le

courage de me lire, car je ne peux pas rester muet face à ce cauchemar qui se réinstalle avec la haine,

le racisme et l'obscurantisme.

Cet article de Marianne du 20 au 26 février 2025 a retenu mon attention sur les nouvelles conceptions de ce lien à créer...

(Les moyens de vous faire parler). "On ne peut plus rien taire !


L’idée que l’on ne peut plus rien dire a sans doute occulté une autre tendance moderne : l’impossibilité de passer sous silence quoi que ce soit. Dans de nombreux domaines, le bavardage narcissique occupe tout l’espace. Au point de remplacer le dialogue et la réflexion ?

Cette problématique est magistralement analysée avec des citations

de la philosophe Bérénice Levet : “Il ne s’agit plus de dire le vrai, mais de s’exprimer”, 

du philosophe Dany-Pierre Dufour qui parle de “tout à l’ego”  et du “coming out” qui signifie “jouir à l’extérieur”,   

 

et du psychiatre Serge Hefez (...)”Tout effet de vérité devient un danger

Le discours est ce par quoi nous faisons lien. Il y aura bientôt autant de langues que d’individus. Sur le plan personnel, cela fait des idiots, ou des schizophrènes sociaux pris dans leurs marottes” (...) “Sur le plan collectif on baigne dans une cacophonie agressive”.


 Donner du sens…

Le monde du travail donne de moins en moins de sens. “Travailler plus pour gagner plus” semble être le slogan le plus en vogue. Les travailleurs voient-ils le sens de leur travail lorsqu’on les prend pour des robots corvéables à merci afin de livrer le plus rapidement possible tout ce qui peut se consommer, et non pas tout ce qui est vraiment utile. Est-ce que cela a un sens de se faire littéralement harceler des dizaines de fois chaque jour par les milliers d’esclaves de centrales d’appels dont les numéros ont pignon sur rue, autorisées à vous fourguer  en vous culpabilisant des travaux - souvent des arnaques sous prétexte d’économie d’énergie, ou vous faire acheter des produits dont l’utilité vous a jusqu’à présent échappé ?

Le nombre de métiers que je considère comme “toxiques” semble augmenter à une vitesse exponentielle.

Les agences de conseils qui coûtent un argent fou à l’état (donc aux frais du contribuable ) contribuent à

demander de faire des économies financières en détruisant des services publics déjà très mal en point.

Les manipulateurs ...

Les réseaux sociaux, la multiplication des séries, le matraquage publicitaire ont-ils encore un sens ? Tout

cela, avec  aussi les jeux vidéo, les applications gadgets que l’on veut nous imposer sur les smartphones

, l’amusette “people”, les trucages qui rendent l’information si peu fiable… Pensez-vous que tout cela ait

vraiment du sens sur une planète que nous devons sauvegarder du mieux que nous le pouvons ?

Retenir un temps de cerveau disponible pour ingurgiter de la publicité et des idées guerrières, c'est le seul

"sens" que revêtent ces médias et autres outils de communication.

Le seul sens qu’il faudrait développer, ce serait bien sûr de RESISTER à toute cette avalanche

malodorante, à cette poubelle soporiphique, et la combattre en la boycottant, chacun avec ses modestes

moyens. L'image des résistants de "Fahrenheit 451" apprenant par coeur la poésie que les pompiers

pyromanes sont amenés à anéantir me reste totalement à l'esprit !

Le mal-être dans le travail se comprend aisément dans cette multiplication de métiers toxiques et sous

l'emprise de robots qui pensent et produisent à votre place, nous privant du sens qui rendait un travail

utile, voire passionnant.


A SUIVRE…

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