samedi 21 mars 2015

Béatitude numérique et écriture

Il faut utiliser les outils numériques intéressants mis à notre disposition, mais ne pas s'inféoder aveuglément au "tout numérique" ! 

La béatitude face à une pédagogie qui se voudrait essentiellement numérique me révolte. 

"La Finlande abandonne l'apprentissage de l'écriture manuscrite..." 
La nouvelle s'est propagée comme d'habitude comme une traînée de poudre, sans retenue ni réflexion (bravo les dégâts de l'instantanéité !). 

                    Voir l'article de Loys Bonod dans Marianne...

L'apprentissage du clavier est important, mais ce n'est sûrement pas LA priorité pour les jeunes enfants. Il ne devrait se faire que lorsque le savoir-faire de l'écriture manuscrite est vraiment acquis, intégré. 

                    Voir  le dossier (pdf) de l'IEN de Strasbourg sur ce lien...

L'apprentissage des techniques numériques est tellement plus fructueux si l'on maîtrise déjà des savoir-faire de base. Et ceci s'applique également au calcul mental, à la géométrie, à la cartographie...  

Pourquoi s'obstiner à toujours vouloir "placer la charrue avant les bœufs" ? A moins d'avoir pour objectif une parfaite robotisation de nos enfants ? Ce qui est déjà - en partie - une triste réalité...  En faire de parfaits consommateurs, "frontalement" conditionnés, pour reprendre un terme de mon précédent coup de colère...

A propos de pédagogie inversée et de l'abandon de l'enseignement frontal

Que font-ils de l'étymologie du mot pédagogie

                               Conduire, mener, accompagner, élever l'enfant...

On ne parle plus que de l'abandon de l'enseignement dit "frontal" qui ne serait tout simplement "plus possible"... 
Ne doit-on pas guider l'enfant ? 

L'enfant devrait tout apprendre par lui même, sans contrainte, sans attention, uniquement par l'expérience et le vécu. A la limite, dans ces conditions, pourquoi aller encore à l'école ? Je suis là aussi pour une pédagogie équilibrée. Un va et vient entre le "frontal" - que je considère comme indispensable - et les applications pratiques elles aussi inséparables, avec des découvertes liées à  une ouverture indispensable sur le monde. L'un ne peut pas aller sans l'autre

Tout l'art des compagnons par exemple n'est pas inné. L'observation, l'attention, la concentration, l'entraînement et l'exigence du résultat sont des compétences qui se perdent à l'échelon individuel. Elles ne semblent plus s'appliquer qu'au collectif, dans les cercles de qualité, et fonctionnent dans ce cadre sur les résultats de méthodes éducatives qui hélas se perdent. Tout relevant maintenant de l'immédiateté, chacun s'imagine devenir un "pro" de sa spécialité en deux temps et trois mouvements, et je pense qu'après de véritables réussites technologiques nous traversions dans une quinzaine d'années quelques déconvenues qui nous amèneraient à regretter l'abandon de l'enseignement "frontal".  

Pourquoi toujours vouloir passer d'un excès - l'enseignement "frontal" aveugle et réitéré sans adaptation tel que je l'ai hélas connu lors de mes études germanistiques de la part de vieux pontes imbus de leur "culture" supérieure - à un  autre : l'abandon complet du "frontal" au profit d'une découverte pratique, voir pragmatique, en dehors de toute culture générale, de toute contrainte guidée ?

Il y a tant d'exemples de réformes pédagogiques loupées, voire catastrophiques, lancées sur des modes, plus que sur du bon sens, par des idéalistes pensant plus à vérifier une théorie qu'à la réussite des élèves ? Méthode globale, découverte de la culture sans même avoir acquis le vocabulaire nécessaire à sa compréhension, saupoudrages tous azimuts devant des auditoires qui ne maîtrisent même pas les bases du français ou du calcul... 

En effet, les dernières classes de sixième que j'ai eues devant moi m'ont déconcerté complètement. Tristes résultats de cette évolution déplorable de la pédagogie engagée dès l'enseignement primaire. J'avais l'impression de parler une autre langue. Parmi les sujets de recherche documentaire autonome que je leur proposais en application (et qui pourtant intéressaient encore une majorité d'élèves les années précédentes) plus rien ne semblait les intéresser !  Seuls quelques groupes ont réalisé ces recherches avec plaisir.

On nous dit maintenant que ce sont les élèves qui devraient nous apprendre des choses, dans une soi-disant pédagogie inversée. Je ne sais que trop ce qu'ils nous proposeront : la téléréalité, les jeux vidéo et les marques ! Car pour le coup, la "culture" reçue par les jeunes est bien un matraquage complètement frontal qui les conditionne au détriment d'une école qui abandonne progressivement ses missions pour "s'adapter" à l'évolution de la société !!! 

Dans ces conditions, comment voudriez-vous que je sois optimiste dans ce domaine ?

"Subir la politique" : Non ! Nous sommes tous responsables.

J'ai entendu à plusieurs reprises cette expression passive : "Subir la politique".  Quelques soient le découragement et les frustrations que nous pouvons ressentir dans l'actualité politique, il me semble qu'il y a toujours quelque-chose à faire pour ne pas subir. 

Nous sommes tous quotidiennement acteurs de la politique, même si c'est de façon indirecte. Si le peuple se précipite sur tout ce qui est nouveau, sous prétexte que c'est une mode et automatiquement un progrès, il est complètement acteur d'évolutions néfastes et soutient une politique qui les encourage. 
Je pense par exemple à l'utilisation des caisses automatiques, aux centrales d'appels, aux produits à base d'huile de palme, au pain de mie industriel sous plastique, à l'exigence de vouloir tout avoir immédiatement...  
Le peuple est acteur de cette nouvelle économie et ne la subit que parce qu'il l'accepte. 

Boycotter un article, utiliser le moins possible sa voiture au profit des modes de déplacement doux ou des transports en commun, refuser des automatismes au visage inhumain et destructeurs d'emploi, sont des gestes éminemment politiques, à la portée de chacun. 

L'économie déterminant plus que jamais la politique,comme chacun le sait, nos gestes quotidiens peuvent échapper à la soumission : encore faut-il être éduqué et ne pas se soumettre aux pressions. C'est plutôt l'économie que nous subissons, la politique n'étant plus, bien souvent, qu'un outil de gestion d'une économie déconnectée du social.

Le FN, la malbouffe, la tricherie (impôts), le tout automatique, la pollution au diesel, les jeux vidéos à l'excès, le bruit, la violence, l'échec de l'éducation, ça ne part pas que de nos dirigeants, mais surtout de la base ! Tout est question de citoyenneté. Le citoyen de base est-il si immature qu'il ne puisse le comprendre ? 

C'est si facile de dire que nous subissons. C'est une pensée qui nous touche tous, mais tout de même, prenons du recul, insurgeons-nous quand il le faut, agissons dans l'intérêt de notre planète, du collectif et de la solidarité,  et... votons !  De grands élans de solidarité, l'économie solidaire et participative, le retour à des "circuits courts", des mesures éco-responsables : autant d'habitudes qui ne demandent qu'à se développer...et pourraient nous rendre optimistes !